La domination d'Athènes sur le monde grec

Publié le par Vincent Ducruet

     « J’affirme que notre cité dans son ensemble est pour la Grèce une vivante leçon ». Athènes reste aujourd’hui l’incarnation de la cité démocratique qui a posé les bases de notre civilisation occidentale. Cette vision collective de la cité se base sur le rôle hégémonique d’Athènes pendant l’Antiquité, de par sa domination militaire, politique et culturelle sur le reste du monde grec. De par la trace qu’elle a laissé dans l’histoire, elle reste l’objet d’une dévotion de nos sociétés modernes. Une dévotion souvent instrumentalisée dans une logique de récupération à des fins politiques, notamment lors de la Révolution française. Cette idée d’une Athènes triomphante sur tous les plans nous provient principalement du V ème siècle. De la fin des guerres médiques à la guerre de Péloponnèse, Athènes semble en effet avoir été capable d’imposer sa domination sur le monde grec, et ce sur tous les plans. 
     Cette domination athénienne n’a pourtant pas été toujours évidante. D’abord du temps de la civilisation mycénienne des premiers temps de la Grèce Antique qui débutent au XIXème siècle jusqu’au XII ème. Si elle y tient un rôle important elle reste éclipsée par d’autres centres politiques comme Mécènes et Pylos. Puis lors de la chute de la civilisation mycénienne qui précède les siècles dis obscurs (XII ème au VIII ème siècle), Athènes retombe quelque peu dans l’oubli, redevenant ce que l’on pourrait qualifier grossièrement de simple place fortifiée. Puis en -431, à l’aube de la guerre du Péloponnèse, Athènes s’apprête à entrer dans une guerre dont l’issu est un désastre pour la cité et la fin de sa domination sur la Méditerranée occidentale. Il semble alors qu’Athènes fut bien à une époque capable de revendiquer le titre de capitale, mais au mieux de façon temporaire et sur une durée en réalité relativement limitée.
     Cette période où Athènes va éclore est complexe à définir. Arbitrairement, les origines de cette floraison peuvent se trouver dans ce qui constitue le particularisme athénien. La démocratie « à la grecque », on en retrouve les racines sous les divers tyrans qui règnent sur Athènes lors de l’époque archaïque. Solon convient le mieux, c’est lors de son règne et ceux de ses prédécesseurs que les barrières à un développement au niveau de la Grèce entière sont abattues. La situation géographique elle évolue dans le temps au fil de l’expansion athénienne, d’autant qu’une cité grecque ne se limite pas à la simple métropole. La cité en elle même est bâtie au pied de l’Acropole et se déploie sur la plaine de l’Attique, lui offrant une frontière nord facile à défendre, un contrôle de la péninsule (le « cinquième doigt ») avec de larges plages favorisant la thalassocratie. Ces frontières fluctuent au fil des décennies, la Ligue de Dalos sous l’égide d’Athènes par exemple, s’étendant sur l’ensemble de la mer Ionienne. La fin de l’aventure athénienne comme entité politique est assez tardive, ce qui nous intéresse c’est vis à vis de son hégémonie. Objectivement Athènes la perd au terme de la guerre du Péloponnèse face à Sparte. Mais les tentatives de reprise du pouvoir sur le reste de la Grèce ne se limite pas à cet événement. Aussi, il faut attendre le IV ème siècle pour voir le déclin total d’Athènes qui va jusqu’à perdre son indépendance politique à la suite de l’expansion macédonienne d’Alexandre le Grand. 
     Tout ces éléments nous prouvent l’existence d’une réelle domination athénienne sur la Grèce. Pourtant au même moment ils entament cette légende dorée qui semble se limiter à un moment précis de l’histoire, remettant en cause la notion de « capitale ». Alors, est ce qu’Athènes à réellement réussie à s’imposer comme capitale du monde grecque et comment ? Le VI ème siècle reste pour Athènes un temps de crise générale, tout comme dans le reste de la Grèce antique dont l’expansion coloniale et la tyrannie sont des conséquences, l’un témoignant d’un besoin d’exutoire et l’autre d’instabilité politique. Les clans aristocratiques s’y déchirent pour le partage des richesses qu’ils monopolisent, face à des paysans, artisans et commerçants désireux de posséder plus de leviers d’actions dans la société athénienne. Ces derniers se savent indispensables grâce au nouveau mode de combat hoplitique. Point révélateur ultime de cette Athènes déchirée, vers -635 Cylon tente de prendre le pouvoir et restaurer la tyrannie. Jeune aristocrate athénien et militaire, il veut profiter de la crise sociale avec l’aide de compagnons. Pourtant le coup de force échoue grâce à la grande mobilisation des paysans et des magistrats, symbole d’une cité encore prête à s’unir quand il le faut. Mais c’est également le symbole d’une cité ayant besoin de grandes réformes pour pouvoir espérer un futur prospère.

Solon est issu d’une famille aristocratique, connu pour son sens du commerce et son habilité à la guerre. Au tout début du VI ème siècle vers -594 il est choisi pour régler la crise sociale athénienne toujours en cours entre grands propriétaires et petits paysans. Il aura été capable par plusieurs mesures de régler la situation de crise qui déchirait la cité en intervenant surtout dans le domaine social. Son action se révèle dans le règlement des problèmes de dépendance de paysans trop endettés vis à vis des nobles, des excès familiaux ou encore dans le domaine de la morale en général. On note également des réformes économiques comme de nouveaux systèmes de poids et mesures mais également des mesures plus concrètes. Il interdit par exemple l’export de ressources hormis l’huile d’olive pour pallier aux maigres récoltes données par l’Attique. Autre fait notable, il pousse vers l’artisanat les petits paysans dont la situation restait précaire. Athènes s’apprête ainsi à lentement devenir sous Solon un centre de production important.
      D’un point de vu constitutionnel, il permet désormais à un citoyen de participer à la vie publique non pas à travers le prisme de son milieu sociale d’extraction mais selon sa réussite économique. Un citoyen peut également intervenir dans le juridique en défendant un autre citoyen lésé ou encore en convoquant un tribunal populaire face à la décision d’un magistrat. C’est sous Solon également qu’apparait l’Agora, la place publique ultime de la cité.
      Il place ainsi les bases de la démocratie athénienne, élément indispensable à la croissance de la cité. En effet, il ramène une certaine stabilité bien qu’éphémère, et met en place les premiers éléments qui permettront à Athènes une véritable identité et unité face au reste du monde grec. Même si cette paix sociale ne dure pas à cause d’une aristocratie remontée face à la perte de ses créances et le reste de la population qui n’a été satisfaite qu’à moitié, son règne reste le point de départ de la grandeur athénienne. 

     Les rivalités entre les différentes factions athéniennes persistant après le règne de Solon, un homme va en profiter. Cet homme rusé, ambitieux et bon soldat c’est Pisistrate qui va vite regrouper les mécontents de tous bords. Si sa tyrannie est entrecoupée d’exils témoignant de la difficulté d’imposer à Athènes un régime illégal, son règne et celui de ses enfants correspondent aux premières lueurs du rayonnement de la cité sur l’ensemble de la Grèce.
      La politique religieuse de la cité, politique de prestige a été entièrement portée par ces tyrans qui règnent jusqu’en 510. Elle permet d’assurer leur maintient au pouvoir en satisfaisant la population mais également à faire rayonner Athènes dans le reste de la Grèce. C’est à ce moment qu’à lieu une véritable effervescence religieuse avec le développement de la mythologie grecque et du rapport intime entre athéniens et Athéna. En parallèle de la religion, la politique de construction menées par Pisistrate et ses fils est également soignée. L’acropole continue de se développer et surtout se métamorphose de citadelle à sanctuaire. L’ensemble est rempli de sculptures, xoanons et autres oeuvres religieuses, surtout dédiés à la déesse athénienne.
      Le contrôle des mines de Thrace permet l’explosion de l’artisanat athénien. On frappe les première pièces d’argent à Athènes avec des symboles de la ville comme la chouette. Sous la tyrannie d’Hippias apparaissent les première pièces tétradrachmes qui se diffusent largement dans le reste de la Grèce car très appréciées, élément très important de la futur puissance d’Athènes. C’est également un âge d’or pour la céramique, outil très important de puissance culturelle car élément diffusé dans tous les lieux de civilisation grecque de la Mer noire à la Grande-Grèce. Ces potiers installés dans la ville bénéficient vers -530 d’une véritable révolution: on recouvre le vase de vernis noir et on laisse sur le fond rouge clair de l’argile les silhouettes des personnages. Véritable fruit de l’art athénien, cette technique est également pratiquée dans la Grande Grèce et exportée massivement dans des régions à peine effleurées par les grecs comme L’Etrurie. L’artisanat athénien témoigne ainsi de la prospérité d’une cité qui a surmonté une grave crise économique et sociale en se tournant vers ces activités, ces dernières permettant également de trouver du travail pour des paysans surendettés.

      A l’intérieur Pisistrate et ses fils ont ainsi assurés la cohésion d’une cité divisée avec un résultat plutôt satisfaisant, posant les bases d’un rayonnement culturel athénien. A l’extérieur, on remarque que les tyrans font des intérêts de la cité les leurs. Ils mènent donc une politique de domination des régions vitales pour la cité, les îles ioniennes en premier lieu. Ces zones constituent les principales zones d’influence de la cité au cours des prochains siècles. Le but est de sécuriser la route du blé qui reste l’un des plus gros soucis de la cité.
      La grande époque des tyrans n’est pourtant pas encore celle de la domination totale athénienne sur le reste du monde grec, et la cité reste encore sous pression spartiate à l’ouest et perse à l’est. Ainsi Lygdamis sur l’ile de Naxos où Pisistrate avait installé une aristocratie favorable aux athéniens est renversée par Sparte. L’ile de Samos de son côté tombe au mains des perses en meme temps que Chersonèse et Sigée.

Pendant près d’un demi-sicle Solon, Pisistrate et ses fils ont ainsi gouvernés la cité avec le régime de la tyrannie. En 510 quand cette dernière se termine à la suite d’un soulèvement aristocratique, un bilan s’impose. Ils ont exercés seul le pouvoir à la place des clans aristocratiques en favorisant les petits paysans, résolvant pour au moins un siècle les problèmes agraires. L’encouragement du commerce et de l’artisanat ont également permis un premier rayonnement culturel qui s’opère avec des constructions utilitaires, religieuses et des oeuvres d’arts diffusées dans l’ensemble du monde grec. Ces manifestations artistiques assurent en même temps la cohésion de la cité. A l’extérieur les tyrans ont commencés à marquer de l’empreinte athénienne des zones comme la région des Détroits et les Cyclades qui resteront des zones d’influence athéniennes cruciales pour la suite. L’époque des tyrans laisse ainsi une cité forte qui si elle n’est pas encore capable d’assoir sa domination sur d’autres entités politiques tel que Sparte, possède désormais les éléments qui lui permettront de revendiquer ce titre de capitale du monde grec au V ème siècle.

     Ces difficultés extérieures se présentent vite sous la forme de la menace perse. A la fin des guerres médiques en -479, Athènes qui a fortement participé aux conflits contre l’empire se place comme le grand vainqueur. La victoire est pourtant celle du monde grecque avec la participation cruciale d’autres cités grecques tel que Sparte. La Ligue de Délos, fondée immédiatement après la victoire est à l’origine de l’expansion athénienne vers la domination de la péninsule. Le but est la formation d’une ligue défensive assurant la protection commune de ses membres. Maintenant que l’ennemi perse s’est éloigné et que le serment n’indique pas de limites temporelles, elle devient pour la cité athénienne un objet de pouvoir, de domination sur les autres cités. C’est maintenant une confédération étatique soutenue militairement, financièrement et culturellement par Athènes. Sa fondation est ainsi le début de ce que l’on pourrait appeler l’âge d’or athénien, au détriment des autre cités de la ligue.
     Géographiquement la ligue regroupe l’ensemble des terres grecques de la mer ionienne et certaines cités de la mer Egée comme Corinthe. Athènes impose à ces cités vassalisées sa propre politique extérieure. La cité intervient à Egine, Mégare, dans le Péloponnèse, en Grèce centrale, à Chypre et même en Egypte. Cette expansion ce traduit par une domination militaire terrestre, mais surtout par une hégémonie navale particulièrement marquée. Les ambitions athéniennes restent plus centrées sur une domination et un expansionnisme maritime, les ambitions terrestres étant remises en cause par d’autre cités comme Sparte ou plus tardivement Thebes.
     Les débuts de cette hégémonie athénienne grâce à l’appuie des cités qu’elle domine se base sur l’emprise d’abord militaire de la cité sur ses alliés. Comme dit précédemment la puissance athénienne reposait d’abord sur sa puissance navale. La flotte athénienne soigneusement renouvelée, entretenue et au service de marins entrainés ne connait pas d’ennemis capables de la mettre en échec jusqu’à la toute fin du V ème siècle. Sa suprématie navale n’est contestée que sur la mer Egée. Pourtant, en dépit de cette puissance navale éclatante, certaines cités alliées tentent régulièrement de se rebeller contre ce que l’on pourrait qualifier d’ « impérialisme » athénien. Athènes alors écrase ces rebellions comme à Eubée en 446. La victoire acquise, les athéniens imposent aux révoltés des restrictions militaires pour éviter toute autre rébellion comme la destruction des remparts ou la prise d’otages importants.

     Cette domination athénienne, l’ « Archè », trouvait sa justification pour les athéniens dans le rôle qu’avait jouée la cité dans la guerre contre les perses. Athènes se glorifie d’avoir été la seule victorieuse à Marathon et la principale artisane de la victoire de Salamine. A noter que Sparte ne conteste pas quand Athènes commença à se placer comme la grande puissance victorieuse, témoignant d’une domination presque totale athénienne sur le monde grec. Cette idée de l’ « excellence athénienne » est entretenue par des fêtes ou des monuments pour rappeler à son peuple mais surtout ses alliées qui fut l’artisan de la victoire. Ainsi tout les quatre ans ont lieu les Grandes Panathénées où des délégations viennent à Athènes pour qu’on leur signifie le montant du tribu qui devra être versé.
     Dernier levier d’intervention athénien sur le reste de la ligue est à caractère économique. Si les questions monétaires étaient surtout laissées aux particuliers, Athènes intervient directement quand ses ressources vitales sont menacées, mais surtout pour contrôler les flux de marchandises de cités alliées ou ennemies dont elle se méfie. La mer Ionienne, devenue la mer « athénienne », était constamment sillonnée par les trières de la Ligue, permettant le contrôle du commerce de matériaux nécessaires à la cité comme le bois du roi de Macédoine Archélaos. Autre point de l’intervention économique athénienne, la monnaie était largement diffusée dans l’Arché car c’est avec elle que les cités grecques versaient le tribu à la cité. Athènes impose ses mesures, ses poids et interdit de frapper des monnaies d’argent. Une zone monétaire quasi homogène se forme ainsi en Méditerranée orientale sous l’autorité athénienne.

      Le dernier grand obstacle pour la meilleur candidate du titre de capitale grecque reste Sparte, à la tête de sa propre ligue, la Confédération du Péloponnèse. Pour dominer la cité spartiate, Athènes joue sur un point crucial puisqu’il constitue la vitrine d’une cité: les bouleversements intellectuels et artistiques qui y ont lieu. La domination militaire, politique et économique de la cité Athénienne au V ème siècle se fait majoritairement sur ses alliés. Si l’influence intellectuelle et artistique est si cruciale, c’est bien parce que cette domination athénienne se fait sur l’ensemble du monde grec, ne s’arrêtant pas aux frontières de la Ligue de Délos. Tout le long de la seconde moitié du V ème siècle la cité attire penseurs et artistes comme les grands sophistes Protagoras et Gorgias. Cette effervescence se nourrie elle même de fêtes civiques splendides et par de grands édifices religieux et culturels tel que l’Acropole qui continue sa complexification. Tout penseur quittant sa cité d’origine passe par Athènes, confirmant son rôle de capitale culturelle du monde grec.

     Toutes les conditions sont réunies pour faire d’elle la capitale de la Grèce grâce à sa puissance militaire, sa prospérité économique, sa population nombreuse et ses réalisations artistiques. La cité entre dans un âge d’or théâtrale avec la comédie et la tragédie. Du côté de la philosophie les sophistes, pour leur quasi totalité des étrangers, viennent prodiguer leurs enseignements à Athènes. Les artisans forment désormais un véritable corps social à part qui assure une production très importante d’objets diffusés dans l’ensemble du monde grec. De par cette domination partielle sur certains plans mais totale sur d’autres, Athènes devient bel et bien au V ème siècle la capitale du monde grec. Hélas cette domination ne pouvait être que temporaire, la ruine de la cité se trouvant dans le coeur même de son identité, la démocratie, car en opposition avec les autres puissants de la Grèce.
      La guerre du Péloponnèse oppose les deux ligues grecques avec à leur tête Athènes et Sparte à partir de -431. Elle se solde par la défaite de la première, résultant en un énorme traumatisme dont les conséquences sont profondes pour le monde grec et surtout qui marque la fin de son âge d’or. D’abord Athènes perd sa flotte, outil de sa puissance militaire. La cité perd également son empire thalassocratique et les revenues qui l’accompagnent. La guerre a été perçu comme la défaite de la démocratie athénienne contre le modèle oligarchique spartiate, en témoigne les deux révoltes oligarchiques de -411 et -404 qui provoquent des crises sociales importantes. La perte du tribu versé par les autres cités de la Ligue de Délos provoquent en plus une grave crise économique et sociale. Les campagnes sont ravagées, les paysans sont ruinés, l’activité artisanale s’est effondrée, le commerce est en berne et les tensions sociales vont en s’accroissant. A la fin de la guerre en -404 Athènes a totalement perdue son hégémonie sur le monde grec et repasse même sous l’influence perse qui revient vers l’Ouest.
      A la fin de la guerre les spartiates qui s’étaient fait rafler le rôle de capitale du monde grec sont bien placés pour exercer l’hégémonie. Pourtant ils ont dus pour remporter la guerre faire appel aux perses et donc faire des concessions. Les spartiates établissent vite des régimes oligarchiques un peu partout avec des garnisons ce que les habitants supportent mal. Les athéniens, si ils restent encore trop faible pour de nouveau s’opposer à Sparte, profitent d’un premier revers pour Sparte quand le peuple d’Athènes fait chuter la tyrannie des Trente. Un second revers à lieu pour les spartiates quand l’expédition à laquelle ils participent contre les perses, qui leur coute le soutient de l’empire, échoue.

     Les perses se retournent alors contre les spartiates et aident Athènes à se relever. Un nouvel homme fort à Athènes, Conon, fait déjà rêver les athéniens d’un nouvel empire. Ils forment une deuxième confédération athénienne en -377, ouvertement anti-spartiate. Pourtant ce n’est pas une deuxième Ligue de Délos, Athènes s’engage formellement à respecter l’autonomie des cités alliées et à ne pas intervenir d’une quelconque façon en leur sein. Si la ligue arrive même à écraser Sparte en -371 à la bataille de Leucrtres mettant fin à une domination spartiate sur la Grèce, d’autres cités comme Thèbes estiment être devenues assez puissantes pour imposer leur domination. Encore une fois c’est un échec, les spartiates et les athéniens s’alliant pour affronter les thébains, vaincus en -362. Athènes réessaya encore une fois d’assoir sa domination grâce à un dernier empire, celui de la Seconde Confédération maritime basé sur le principe de la Ligue de Délos. Ce fut encore un échec à cause de la révolte des cités soutenues par les perses. Le temps des guerres médiques est bel et bien terminé, jamais la Ligue de Délos ne renaîtra et jamais plus Athènes pourra se revendiquer capitale du monde grec.
     C’est donc dans un état d’affaiblissement profond qu’Athènes dut affronter la montée de la puissance macédonienne tout comme le reste de la Grèce. Athènes était depuis longtemps inquiète par la politique d’expansion de Philippe II de Macédoine, roi de ces population du nord. Hellénisés mais considérés comme des semi barbares par les athéniens, les macédoniens cherchent vite à se rendre maitre des zones d’approvisionnement en blé si vitale pour Athènes, incapable d’avoir sa propre production. Ce fut la guerre, les athéniens unissant les grecs contre les macédoniens. A Chéronée en -338 Philippe II, assisté par son jeune fils Alexandre, écrasa les grecs. C’est le début de la domination macédonienne sur la Grèce, mais également sur des territoires bien plus vastes à l’Est. Pour Athènes, c’est la fin d’une époque, la perte de l’indépendance athénienne, le terme de cet âge classique qui a vu pourtant vu cette cité s’imposer sur l’ensemble du monde hellénique.

     En conclusion, Athènes à la sortie des siècles obscurs s’est singularisé face aux autres cités grecques à la fois par son régime politique et sa domination militaire, économique et culturelle inégalée. Les tyrannies de Solon, de Pisistrate et de ses fils ont résolues les problèmes agraires et les divisions sociétales à une époque où elle n’est qu’une cité en crise parmi tant d’autres. Leur action aura donné à la cité les armes pour affronter les défis à venir. Malgré leurs ambitions, la cité ne peut pas être considérée comme la capitale de quoi que ce soit, trop occupée à résoudre ses problème internes et trop timide à l’extérieur. La victoire à l’issue des guerres médiques entraine la fondation de la Ligue de Délos, l’hégémonie se transformant en domination, en Arché. Cette domination aura été totale et c’est à cette époque qu’Athènes devient la capitale incontestée de la Grèce jusqu’à la défaite de -404. Après la défaite, la démocratie qui constituait l’identité athénienne est remise en cause en même temps que son hégémonie. Et même si Athènes ne disparait jamais vraiment grâce à la grandeur passée de ses réalisations, elle ne retrouvera jamais son rôle de coeur du monde hellénique. Le fantôme de la puissance athénienne essaye de survivre en vain au IV ème siècle, l’hégémonie sur le monde grec passant par Sparte, puis à Thèbes pour finir entre les mains de la Macédoine.
     Tout ce qui aura manqué à Athènes pour être la capitale permanente et incontestée de toute la Grèce, c’est une alliance ou du moins une entente cordiale avec Sparte. La cité athénienne a en effet perdu son hégémonie face à une autre cité grecque, ceci au profit d’autres entités politiques grecques ou même d’entités politiques étrangères comme l’empire perse suivi plus tard par Rome. Une alliance qui peut être vue comme contre-nature de par la différence du régime politique, ou comme logique dans une situation de menace extérieure. Elle aurait permis à Athènes de rester la capitale du monde grecque et de ne pas se contenter de 70 ans d’hégémonie, ne la faisant survivre dans l’Histoire que par sa gloire passé, éphémère, ou pour l’utilisation politique de son image. 

DUCRUET Vincent, Université Jean Moulin Lyon III, le 08/02/19

Publié dans grèce, antique, histoire

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